Les campagnes du II/R.A.C.M.

Livret de 21 pages + 9 cartes. Format du livret : 20,5 cm X 29.5 cm. Aucune date d'impression. Sur la deuxième page, il est écrit : Le présent ouvrage a été tiré sur les presses de l'imprimerie MATTH. BIRK à TROSSINGEN / WURT. à 600 exemplaires.

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Le présent ouvrage a été tiré sur les presses de l'Imprimerie
MATTH. BIRK à TROSSINGEN / WURT.
à  600 exemplaires.
SOMMAIRE

I — PREMIER SEJOUR EN CORSE (du 18 avril au 16 juin 1944)

II — OPERATION DE l'ILE d'ELBE (du 17 juin au 11 juillet)

III — DEUXIEME SEJOUR EN CORSE (du 12 juillet au 24 août)

IV —CAMPAGNE DE FRANCE
                A — Opération de TOULON (25 au 28 août)

                B — Bivouac à TOULON (29 août au 4 septembre)

                C — Montée vers le Nord (5 septembre au 20 septembre)

                D — Opérations de la Boucle du Doubs (21 septembre au 12 novembre)

                E — Bataille de la boucle du Doubs (13 novembre au 29 novembre)

                F — Opérations de Haute-Alsace (30 novembre au 19 janvier 1945)

                G — Bataille de MULHOUSE (20 janvier au 9 février)

                H — La Garde au Rhin (10 février au 1er avril)


V —CAMPAGNE D'ALLEMAGNE
                A —  Rive gauche du Rhin (2 avril)

                B — Bataille de KARLSRUHE (3 et 4 avril)

                C — Opérations de KARLSRUHE à RASTATT (5 au 12 avril)

                D —        «             « RASTATT à OFFENBOURG (13 au 17 avril)

                E —        «             « OFFENBOURG à FRIBOURG (18 au 23 avril)

                F —        «             « FRIBOURG au Lac de Constance (24 avril au 8 mai)


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HISTORIQUE DU II/R.A.C.M.
 
Campagnes 1944-1945

I - PREMIER SEJOUR EN CORSE

En mars 1944 le 2° Groupe du R. A. C. M. qui a perçu tout son matériel et poussé à fond son instruction attend en Algérie le moment où l'ordre lui sera donné de quitter l'A. F. N. pour prendre part à la lutte contre l'ennemi. Enfin cet ordre arrive. Le Groupe est scindé en deux détachements. L'un comportant le matériel sera embarqué à ORAN. L'autre qui ne comprend que le personnel fera mouvement sur ALGER.

Le 15 avril à 19 heures le personnel embarque à ALGER sur le MARRAKECH. Le convoi, formé avec le MEDIE II et l'EL BIAR, appareille le lendemain à midi, fortement escorté par plusieurs bâtiments de la Marine Française.

L'arrivée a lieu à AJACCIO le 18 avril vers 10 heures, après une traversée calme. Il n'y eut qu'une seule alerte, mais elle eut lieu de nuit et à peu près personne à bord ne s'en aperçut. Nous devions d'ailleurs apprendre quelques jours plus fard que le convoi avait été attaqué au retour et que l'EL BIAR avait été coulé.

En Corse le Groupe se rassemble au fur et à mesure des débarquements des divers détachements. L'instruction continue. Des écoles à feu ont lieu, ainsi que plusieurs manœuvres d'embarquement et de débarquement sur LANDING CRAFT TANKS (LCT) et LANDING CRAFT INFANTRY (LCI). Le Groupe travaille dans le cadre d'un Régiment COMBAT TEAM avec le 13° RTS, chaque batterie dans celui d'un BATALLION LANDING TEAM avec le bataillon correspondant. Tout le monde sent que quelque chose se prépare et attend avec impatience le jour J.

Le 19 mai le détachement matériel du Groupe fait mouvement sur PORTO VECCHIO. Ce détachement comprend un embryon d'E. M. et les 3 batteries moins les T. R. Le Chef d'Escadron commandant le Groupe et le détachement personnel font simultanément route sur BASTIA où ils rejoignent l'E. M. du 13° R. T. S.

Le séjour sur les Aréas se présente assez mal. Il fait une chaleur torride, l'eau est rare, la poussière abondante, l'ombrage inexistant. Mais chacun supporte ces misères sans sourciller. La rade est remplie de L. C. T. et nous savons que sous peu nos véhicules, nos canons et nous-mêmes embarqueront sur ces bâtiments et que de nouvelles aventures s'offriront à nous. Hélas, il fallut rapidement déchanter. Le 29 mai l'ordre vint, brutal, de quitter les aréas et de se reformer ailleurs. Le détachement matériel retrouva à Ste LUCIE le détachement personnel et l'attente recommença.

Enfin le 9 juin le Groupe se scinde à nouveau et chaque détachement retourne aux ports d'embarquement.

Sept jours après, l'embarquement a lieu. Le secret avait été levé la veille au soir : la Division allait attaquer l'île d'ELBE. Elle allait être la première — et la suite de la guerre montra qu'elle fut la seule — à opérer un débarquement de vive force sur une côte puissamment défendue par l'ennemi.

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II - OPERATION DE L’ILE D'ELBE

C'est à 4 heures le 17 juin que les premiers éléments du 13° R. T. S. doivent être jetés sur la plage de MARINA Dl CAMPO. Auparavant des éléments du Bataillon de choc et des Commandos auraient attaqué les grosses batteries de côte susceptibles de neutraliser la plage de débarquement.

Les bateaux arrivent dans la nuit devant la plage. La nuit est noire, mais l'île se détache en plus foncé sur la mer d'huile. Le calme est absolu.

Brutalement le paysage s'anime.. Balles traceuses de mitrailleuses, explosions, incendies, tirs de D. C. A. Il est 4 heures. Un feu d'enfer se déchaine sur la plage. La compagnie qui y a pris pied est clouée au sol après des pertes énormes; tout autre débarquement à cet endroit est impossible. On l'abandonne et les LCI se dirigent vers une petite plage située plus à l'est, voire même vers les rochers. C'est là qu'à 5 H. 40 le détachement à pied de l'E. M. et les Officiers observateurs avancés des 4° et 5° Batteries sont débarqués. Cependant le jour s'est levé. Les L. C. T. ayant à leur bord les véhicules du Groupe croisent au large. A l'œil nu on peut voir les fantassins qui grimpent sur les crêtes situées à l'est de la plage. Deux canonnières anglaises et deux LANDING CRAFT GUNS les appuient des feux de leurs canons. Les L. C. T. ne peuvent s'approcher. La batterie de côte de RIPPALTI les prend à partie, les obus pleuvent dru au milieu du convoi qui se met à faire des ronds dans l'eau. A 8 h. 30, un canonnier du Groupe, BERTRAND MAX, est tué d'un éclat d'obus à la tête à bord du L. C. T. N° 567.

À terre les opérations se déroulent lentement. L'infanterie doit réduire une à une les casemates bétonnées, conquérir les crêtes qui commandent la plage de débarquement. Et tout cela avec un appui d'artillerie à peu près nul.

Mais il faut attendre que la tête de pont soit suffisamment dégagée pour permettre le débarquement de nos camions et de nos canons.

A 10 h. 30 le P. C. du Colonel commandant le 13° R. T. S. est bombardé. Le Capitaine JANNET, Officier de liaison du Groupe auprès de ce régiment est mortellement blessé et meurt pendant son transfert à la Compagnie de Ramassage.

Depuis les bateaux, des yeux anxieux suivent la bataille dont on ne voit que les grandes lignes. Tout le monde est impatient de jouer enfin son rôle dans ce combat, de faire entendre la voix de nos canons.

Lentement la tête de pont s'agrandit, les crêtes sont occupées par nos marsouins et nos goumiers. Enfin les L. C. T. s'approchent et s'échouent sur la plage de MARINA di CAMPO. Il est 15 h. 10. Rapidement le matériel est débarqué. Les chauffeurs enlevant l'essentiel du calfatage des véhicules. Le contact est pris avec le détachement débarqué depuis le matin, les fantassins ont grand besoin de notre appui, une position de Groupe a été reconnue à BONALACCIA qu'il faut occuper au plus vite.

Tous nos véhicules sont répartis sur 14 L. C. T. qui viennent successivement s'échouer sur la plage dans n'importe quel ordre.

Des jalonneurs sont laissés et les véhicules rejoignent un par un. A 17 H. 00 le Groupe est prêt à entrer en action. Il exécute des tirs d'accrochage et une concentration sur COLLE RECISO. L'ennemi réagit par quelques tirs de harcèlement sur la route de dégagement de la plage.

Le combat prend fin avec la tombée de la nuit. Les heures de répit sont mises à profit par chacun pour raconter ce qu'il a vu. La journée a été chaude, surtout pour le détachement débarqué à l'aube. Il l'a vécue au milieu des fantassins, à proximité immédiate de l'ennemi. Chacun a vu notre infanterie en difficulté alors que l'absence du Groupe excluait toute aide de notre part. Il a fallu 13 longues heures pour qu'enfin le Groupe puisse intervenir dans la bataille.

Au cours de la nuit, les ordres arrivent pour la journée du lendemain. Un bataillon du 13° R. T. S. doit attaquer dès l'aube par la route nord, en direction de PORTO FERRAIO. Un tir est prévu à 4 H. 50 sur le point d'appui de RIMESSO, repéré par photos aériennes et qui semble très solide.

L'attaque a lieu et se déroule normalement. En fin de matinée la 6° Batterie reçoit l'ordre de se porter en avant et va s'installer dans le P. A. de RIMESSO conquis le matin. A midi, nos fantassins se présentent devant PORTO FERRAIO et demandent une concentration de Groupe sur les portes de cette cité. Le tir à peine terminé est redemandé. La joie règne sur les positions où les artilleurs sentent leur action efficace. Les batteries tirent à cadence accélérée et il faut freiner les servants pour qu'ils ne dépassent pas la consommation ordonnée.

À 17 h. 00 le restant du Groupe reçoit l'ordre de se porter en avant. La sortie de batterie est rapide et, en bon ordre, la colonne s'engage sur la route nord. Une consigne a été donnée : ne pas franchir le col de RIMESSO. 

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La colonne arrive à ce point où elle trouve le Chef d'Escadron qui donne des renseignements sur la situation. PORTO FERRAIO est occupé, mais le débouché de cette ville est gêné par les tirs de plusieurs batteries ennemies situées à POGGIO - FORTINO, à MAGAZZINI, à AQUA BONA. Particulièrement la batterie de POGGIO-FORTINO prend d'enfilade la route descendant de RIMESSO sur PORTO-FERRAIO et tire dessus à vue directe. Le passage de notre colonne ne pourra avoir lieu qu'à une condition, les véhicules devront franchir le col un par un, à deux minutes d'intervalle, pendant que la 6° batterie, déjà en place, neutralisera la batterie ennemie. Pendant que les ordres sont donnés au Capitaine Cdt la 6° Batterie et en attendant l'ouverture du feu par cette unité un obus arrive en plein au milieu de la colonne sans faire aucun mal. L'ennemi nous aurait-il repérés? Ce n'est qu'une fausse alerte, car ce coup n'est suivi d'aucun autre. Quelques minutes passent. Tout à coup des balles nous sifflent aux oreilles, venant du talus boisé qui borde la route sur notre droite. Aussitôt les artilleurs foncent de ce côté, carabines et mitraillettes au poing. Le terrain est rapidement battu, et les canonniers ramènent triomphalement 2 prisonniers allemands, les premiers que le Groupe faisait.

Mais la 6° Batterie ouvre le feu. Aussitôt, une par une, les voitures franchissent le col et, sans incident rejoignent la nouvelle position, à proximité de la villa NAPOLEON. Des tirs sont aussitôt exécutés sur MAGAZZINI, puis sur AQUA BONA. Cette dernière batterie était attaquée par un bataillon du 4° R. T. S. Le tir observé par un officier d'infanterie fut exécuté grâce à un véritable tour de force des transmissions. Les observations étaient transmises par fil au P. C. du bataillon. De là elles arrivaient au P. C. T. du Groupe par 2 relais radio; les batteries étaient actionnées par fil. Le Groupe eut la joie d'apprendre que dès la levée de notre tir, l'infanterie avait donné l'assaut à la batterie qui avait été prise.

Comme cela s'était passé la veille, la nuit interrompt la bataille. La fatigue se fait sentir et ceux qui ne sont pas de service vont reprendre des forces dans un sommeil réparateur. Il y a des munitions à aller prendre sur la plage et une colonne de camions s'ébranle dans la nuit. Elle ne rentrera qu'au matin, ayant trouvé les dépôts vides et ayant été obligée d'attendre sur la plage l'arrivée des L. C. T. de ravitaillement.

Tôt dans la nuit arrivent les ordres pour la journée du 19. Le Groupe doit appuyer notre infanterie dans sa marche vers l'est. Une concentration sur MAGAZZINI est prévue pour 5 h. 30. La nuit est calme. Au matin nos canons ouvrent le feu. A 6 h. 30 le Groupe se porte en avant et s'installe au sud de PORTO FERRAIO, à CASA DUCHAQUET. Des tirs très efficaces sont exécutés dans la région du col de VOLTERRAIO. C'est au cours des réglages de ces tirs que le S/Lieutenant GIRARDEAU, observateur avancé de la 5° Bie, est blessé à l'épaule droite par balle. Son attitude à cette occasion lui vaudra la Croix de la Légion d'Honneur. D'autres tirs sont encore exécutés, notamment à midi sur le port de RIO MARINA, situé sur la côte Est de l'ile, face à l'Italie. Le moral des canonniers est de plus en plus élevé, chacun sentant que l'Allemand est en pleine fuite et que la bataille de l'île d'Elbe est gagnée. Effectivement le tir sur RIO MARINA est le dernier exécuté par le Groupe. La campagne de l'île d'Elbe avait pris fin.
Il reste au Groupe la joie de pouvoir profiter de sa victoire, dans cette île très pittoresque. Des excursions sont organisées, avec visite des principales installations militaires allemandes. Le Chef d'Escadron accompagné de trois officiers de l'E. M. du Groupe ascensionnent le sommet du Monte CAPANNE, point culminant de l'île (1019 mètres) où ils scellent dans le roc un mat de pavillon auquel ils font flotter nos trois couleurs. Mais l'ordre de départ arrive et en fin d'après midi du 11 juillet, le Groupe voit s'estomper les côtes de cette île dont le prix a coûté cher à la Division, mais qui laisse à chacun d'agréables souvenirs et de précieux renseignements pour les combats futurs. Le 2èmeGroupe du R. A. C. M. aura la gloire d'être le seul de la Division, et sans doute de l'Armée Française, à avoir participé en entier à un débarquement de vive force en Europe.

 III - DEUXIEME SEJOUR EN CORSE

Le Groupe arrive en CORSE le 12 juillet. Il exécute une école à feu et participe à une manœuvre de Division. Les bruits les plus divers circulent au sujet de cette manœuvre : le terrain représente, parait-il, exactement celui sur lequel devront se dérouler nos prochains combats. Aussi les imaginations s'en donnent-elles à cœur joie et chacun de faire une foule de suppositions.
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Dans la nuit du 14 au 15 août, le ciel est plein du bourdonnement des avions. La radio du 15 nous apprend le débarquement allié sur la Côte d'Azur. Le voile commence à se soulever.

Le 23 tout le Groupe est dirigé sur les aréas aux environs d'Ajaccio. Il embarque le lendemain sur deux L. S. T. Le Colonel Commandant l'A. D. est avec nous. Le convoi appareille en fin de journée. Et le 25 à 10 h. 00 il arrive en vue des côtes de FRANCE. Les jumelles sont braquées, on interroge ceux qui connaissent les côtes de PROVENCE. Au fur et à mesure de notre approche, les détails apparaissent. Enfin nous arrivons à baptiser les villages que nous apercevons au bord de la mer : ST. TROPEZ et Ste MAXIME. Vraiment, nous y sommes !

A 17 h. 30 un de nos deux L. S. T. aborde sur la plage entre la NARTELLE et le VAL d'ESQUIERES. Le deuxième L. S. T. n'abordera que le lendemain matin.


 IV - CAMPAGNE DE FRANCE
 
A — OPERATION de TOULON
 
Le 26 la 4° Batterie est en position à 500 m au Nord du fort LAMALGUE et elle exécute des tirs sur le MOURILLON. Les 5° et 6° Bies la rejoignent dès leur débarquement. A 19 h. 00 le Groupe au complet tire sur les ouvrages environnant, ST. MANDRIER.

La soirée est merveilleuse. Tout est calme. Seuls quelques incendies éclairent TOULON bien meurtrie. Pourtant la joie est dans nos cœurs. Nous sommes en FRANCE et nous voyons le Boche partout battu. De tels moments nous payent largement de cinq années d'humiliation et d'impatience. La vie redevient belle !

Dès le lendemain nous recommençons des tirs sur les ouvrages de ST. MANDRIER. C'est en effet dans la presqu'île que se sont réfugiés les survivants de la garnison de TOULON. Encerclés, ils résistent encore. En fin d'après midi nous recevons l'ordre de ne plus tirer sans ordre du Colonel Cdt l’A. D. Des pourparlers sont en cours avec l'Amiral allemand. Nous apprenons plus tard que la reddition aura lieu demain matin à 8 h. 00. La bataille de TOULON est terminée le 28 à cette heure.

B — BIVOUAC à TOULON

Le Groupe va occuper un bivouac dans la région d'OLLIOULES. Ces quelques jours de répit sont mis à profit pour revoir le matériel afin de le préparer aux combats futurs. Ils servent aussi à nous permettre de reprendre contact avec la FRANCE, de juger sur place de l'état d'esprit des Français restés dans la métropole et de voir les plaies que porte notre malheureux pays.

C — MONTEE VERS LE NORD

Le 5 septembre le Groupe reprend sa marche en avant vers le Nord. Après une halte forcée de 13 jours à VALENCOGNE, à une cinquantaine de kilomètres au nord de GRENOBLE où nous recevons un accueil enthousiaste, le Groupe repart et le 21 septembre s'installe en position à SOLEMONT, dans la boucle du Doubs.

A VALENCOGNE le Groupe a commencé à engager des jeunes Français.

D — OPERATIONS DE LA BOUCLE DU DOUBS

A partir de cette date et pendant 1 mois et demi le Groupe va être engagé en situation défensive. Les journées se passeront, assez monotones, à faire les accrochages quotidiens et à exécuter les quelques tirs demandés et observés soit par les observateurs avancés, soit par les Capitaines de leurs observatoires normaux, soit par les observateurs aériens. Il exécute aussi des tirs avec des obus à tracts. Quelques tirs d'arrêt sont aussi effectués, rares car l'ennemi n'est pas agressif.

Après SOLEMONT, le Groupe va s'installer à VILLARS sous DAMPJOUX, puis à CHAMESOL.

Pendant cette période le Groupe voit partir avec regret tous ses Sénégalais, ramenés vers le Midi Méditerranéen. Ils sont remplacés par de jeunes Français, certains d'origine F. F. I., recrutés pour la plupart dans les régions que nous avons traversées et aux environs de NANCY. Désormais, notre Division est une des seules grandes unités de la 1ère Armée entièrement blanches.

Le 11 novembre nos arrières s'animent. Des Groupes d'artillerie lourde viennent s'installer à côté de nous, ainsi que de l'artillerie de D. B.
    
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De nouveaux régiments d'infanterie, 6° R. T. M. et 9° Zouaves, montent en ligne. Enfin arrivent des chars el des chasseurs de chars. La colonne de ravitaillement du Groupe est en plein travail depuis plusieurs jours. Elle exécute des ravitaillements massifs en munitions. Il s'agit en effet non seulement de mettre en place des approvisionnements pour le Groupe, mais aussi pour tous les Groupes de renforcement. Jours et nuits, sans interruption, c'est une navette continuelle en vue de constituer un gros dépôt avancé. C'est un travail pénible, fatiguant et ingrat mais de sa réalisation dépend le succès de l’opération à venir. Chacun sent que le jour. J approche et oublie d'un seul coup toutes les misères que lui a causées ce séjour dans ce pays déshérité où le froid et la neige sévissent depuis un mois.
 
E — BATAILLE de la BOUCLE DU DOUBS
 
Effectivement l'attaque doit avoir lieu le 13. Elle a pour but de briser le dispositif ennemi qui nous fait face, puis d'exploiter rapidement en direction de l'Alsace et du Rhin.

La journée du 13 commence. Il a neigé toute la nuit et la chute continue. La visibilité est nulle. Aussi l'attaque est-elle suspendue. Dans la soirée !es ordres arrivent : l'attaque aura lieu demain.

Et le 14 à 11 h. 30 l'artillerie se déchaine dans le s/secteur ouest de la Division. Notre section de 57 antichars qui fait partie d'un détachement d'infanterie à l'extrême gauche de la 9° D. I. C. se trouve dans une situation critique. Les hommes se battent au fusil et au fusil mitrailleur. C'est au cours de cette affaire que le canonnier MOURGUET est tué à son poste de combat par éclat de mortier.

La bataille s'étend au s/secteur est. La ferme GRATTERY et ECURCEY sont pris. Le lendemain c'est ROCHES LES BLAMONT qui tombe entre nos mains. La résistance ennemie rencontrée près de la frontière suisse est vaincue et le bois de CHATEL est occupé.

Le 17, à 13 heures, le Groupe fait un bond en avant rendu difficile et long à exécuter par suite de l'embouteillage du seul itinéraire praticable. Il s'installe à la ferme LES MALTIERES, aux lisières sud-ouest de ROCHES LES BLAMONT. La matinée du 18 est marquée par la mort du Cier BOTELLA, de la 4° Bie, sauté sur une des mines qui infestent la région où les batteries sont déployées. A 14 heures, le Groupe fait mouvement sur DASLE. Le village a été libéré le malin seulement et c'est au milieu d'un bel enthousiasme que le Groupe s'installe dans le pays. Les habitants ne savent que faire pour nous être agréables.

Aucun tir n'est exécuté de cette position que nous quittons le 20 novembre au début de l'après midi pour aller à THIANCOURT. Dès le 21 le Groupe est mis à la disposition du Combat Command N° 4 de la 5° D. B. Il va vivre pendant plusieurs jours des heures inoubliables. Nous sommes en effet en face de l'étroit couloir par lequel ont passé la 1er D. B. et le R. I. C. M., régiment de reconnaissance de la Division qui le premier a atteint le RHIN le 19 au matin. C'est le seul passage des convois de ravitaillement de ces unités et contre lui l'Allemand va lancer des attaques furieuses et désespérées. La 5° D. B. va passer par ce couloir que notre Division aura pour mission d'élargir et dont elle devra nettoyer les abords.

Le C. C. 4 doit d'abord s'emparer des villages de LEPUIX DELLE et de SUARCE. Le Groupe tire 3.600 coups au cours de l'attaque de ces deux villages qui nous coûte un disparu, le Capitaine CORRE, un prisonnier, le canonnier CHRISTOL et 2 blessés, les canonniers BONSOIR et LOURIOUX. Le Maréchal des Logis MOMER, de l'E. M. du Groupe fait prisonnier en même temps que CHRISTOL, parviendra à tromper par 2 fois la vigilance de ses gardiens et s'échappera en tuant trois allemands avec une mitraillette prise à l'un d'eux. Les deux villages sont occupés dans la journée du 22 et le C. C. 4 passe par le couloir dans la nuit du 22 au 23.

La journée du 23 est occupée à des opérations de nettoyage des bois situés au S. E. de SUARCE et de LEPUIX-DELLE, effectuées par le 23° R. I. C. et le 9° Zouaves. Le lendemain le Groupe se déplace et va se mettre en position dans la région de la ferme de l'ETANG FOURCHU, 2 kms sud de SUARCE. La journée du 25 se passe à appuyer le 152° R. I. en exécutant des tirs sur les bois OBERWALD situés au N. E. de SUARCE. La situation est inchangée en fin de journée.

La journée du lendemain doit voir se dérouler une attaque exécutée par le 23 ° R. I. C., le 152 R. I. et un escadron de T. D. du R. C. C. C., en vue de dégager définitivement la route qui relie la Centrale électrique de RECHESY à SEPPOIS. Mais, dès le matin, c'est l'ennemi qui attaque le premier. Le Groupe exécute des tirs d'arrêts, des tirs à la demande. Le piper cub signale des chars sur lesquels il fait régler et observe le tir d'efficacité. Deux des chars sont mis hors de combat par nos tirs.

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L'ennemi progresse, coupe la route de SEPPOIS. Mais sous la violence de notre feu, son attaque faiblit et vient mourir sur les bords de la route sud, qui longe la frontière suisse. C'est alors à 15 h. 15, la contre-attaque qui part de nos lignes. En fin de soirée nos fantassins ont légèrement amélioré leurs positions du matin. Les pertes chez nous sont sensibles, mais nous saurons le lendemain que les pertes allemandes, ont été énormes, surtout du fait des tirs massifs d'artillerie exécutés dans les bois. Le Groupe a tiré 2400 coups dans la journée. Le Capitaine LANCRENON, Cdt la 5° Bie, a été blessé au genou alors qu'il se trouvait avec les fantassins en 1re ligne, devant la centrale électrique.

L'opération prévue pour ce matin, rendue impossible par l'attaque ennemie, est remise au lendemain 27 novembre. Elle a lieu sans notre intervention, l'ennemi ayant décroché. La matinée du 28 est employée à des opérations de nettoyage des bois. Le Chef d'Escadron Cdt le Groupe saute sur une mine alors qu'il procédait à une reconnaissance, en command car. Il est légèrement blessé au visage, ainsi que le chauffeur. Par contre la voiture est entièrement démolie. Dans l'après midi le Groupe entre enfin en Alsace libérée et s'installe à HIRTZBACH. Le lendemain, nouveau bond en avant et installation à ESCHENTZWILLER, 4 kms sud est de MULHOUSE. L'Allemagne est à portée de nos canons. Aussi une concentration après réglage est-elle déclenchée aussitôt sur le village de RHEINWEILER. C'est notre salut au Grand Reich.
 
F — OPERATIONS DE HAUTE ALSACE
 
L'ennemi tient la rive Nord de la DOLLER, les faubourgs Nord de MULHOUSE, les rives Nord et Est du Canal de HUNINGUE. La bataille destinée à libérer MULHOUSE et à vider la poche de COLMAR va être précédée d'une période de 50 jours nécessaire pour laisser souffler les unités fatiguées par leur course au RHIN, réviser le matériel et réaliser les approvisionnements indispensables. Pendant cette période, le Groupe changera plusieurs fois de sous-secteur. Successivement GALFINGUE, HOCHSTATT, la ferme ZUKERBERG, ESCHENTZWILLER à nouveau, DIDENHEIM verront le Groupe se déployer. Le temps est affreux, neige et froid. Beaucoup de maisons sont démolies depuis les opérations de fin novembre et le confort est très relatif.

Nous appuyons quelques affaires à objectif limité sur NIFFER, LOECHLE, Couvent de OELEMBERG.
Dans la nuit du 8 au 9 janvier, le Groupe est alerté par le 23° R. I. C. L'ennemi attaque dans la région du Château d'eau d'HIRTZBACH. La situation assez angoissante au début s'améliore assez rapidement. Le Groupe exécute 5 tirs d'arrêt, des tirs à la demande, des harcèlements. Au matin la situation est rétablie, et l'ennemi ramené sur sa base de départ en laissant de nombreux morts sur le terrain.

Enfin nous voyons notre colonne de ravitaillement percevoir des munitions à une cadence accélérée. Des unités nouvelles apparaissent en secteur, surtout des blindées. Et le 19 janvier, le groupe se trouvant à DIDENHEIM reçoit les ordres d'attaque. C'est pour le lendemain.
 
G — BATAILLE DE MULHOUSE
 
Le démarrage a lieu le 20 à 7 h. 45. Dans la journée LUTTERBACH, PFASTATT et BOURTZWILLER sont occupés. Le lendemain c'est dans la région de REININGUE que se fait l'effort. Mais le 152° R. I. n'arrive que difficilement à vaincre la résistance ennemie, l'attaque piétine. Le 22, REININGUE et sa sous station électrique sont occupés, mais le couvent d'OELEMBERG tient encore. RICHWILLER et la ferme GROSSACKER tombent entre nos mains. Dans la nuit le Groupe fait mouvement et se déploye à DORNACH. Il tire au profit du 23° R. I. C. qui s'empare de la fabrique d'explosifs de MEYERSHOF. La cité de RICHWILLER est prise.. La matinée du 24 est occupée à stopper une violente contre-attaque allemande avec blindés sur MEYERSHOF et la cité de RICHWILLER. A midi, tout est rentré dans l'ordre. Dans l'après midi le groupement blindé DUROSOY occupe la cité AMELIE II où la liaison est faite avec la 2° D. I. M.

Notre infanterie arrive alors dans la région des mines de potasse et des cités ouvrières. Les bâtiments industriels, les puits, les crassiers et les habitations ont été transformés par les allemands en autant de points d'appui solides qu'il faut enlever un à un. Malgré le souci d'épargner des maisons françaises, il faut neutraliser les résistances qui s'y trouvent. La libération de ces cités causera ainsi malheureusement beaucoup de ruines.

Le 25 janvier les cités ANNA et FERNAND sont enlevées. Puis c'est le tour de la cité KULMANN et de WITTENHEIM.

Le C. C. 1 de la 1er D. B. qui attaque en direction de PULVERSHEIM rencontre de très grosses difficultés devant SCHOENENSTEINBACH.
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Afin de pouvoir l'appuyer dans de meilleures conditions, le Groupe fait mouvement sur PFASTATT le 31 janvier. SCHOENENSTEINBACH est occupé le 1er février, la cité Ste BARBE le 2, PULVERSHEIM et sa cité le 3. Dans la nuit du 4 au 5, le Groupe s'installe dans la cité de PULVERSHEIM et appuie de ses feux en fin de journée, une opération destinée à s'emparer de ENSISHEIM après franchissement de l'ILL. La réussite est complète. Dans l'après-midi un harcèlement ennemi a eu lieu sur l'emplacement du Groupe. Le canonnier BERGER, de l'E. M., est tué, le maréchal des Logis ESTELLON et le Cier ADIRA de la 5 sont blessés, ainsi que les Ciers DIJOUX et FOINKINOS de la C. R.

Le 8 février le Groupe est en position aux alentours de la Maison forestière de la MAITRISE, près de MUNCHHOUSE. L'activité est faible car l'infanterie progresse sans rencontrer de résistance sérieuse.

Enfin le 9 février à 11 h. 15 le piper cub nous signale qu'il voit les premiers blindés amis entrer dans CHALANPE. La bataille de MULHOUSE prenait fin à cette heure. Il ne restait plus un Allemand en Haute Alsace. Cette dernière journée nous coûtait encore une évacuation, celle du Cier CZEREDNY, de la 5° Bie, qui avait sauté sur une mine.

H — LA GARDE AU RHIN

Il ne restait plus au Groupe qu'à assurer la garde au RHIN, en attendant le jour tant désiré où il irait combattre en Allemagne. La région de Strasbourg est attribuée à la Division. En conséquence le Groupe fait mouvement vers le Nord et arrive le 16 février à ESCHAU. L'accueil de la population est enthousiaste. Les couleurs françaises sont envoyées en grand cérémonial, avec le concours de la musique locale, des alsaciennes en costume. Chaque habitant tient à cœur d'héberger un militaire français, de le fêter. En face d'un ennemi peu agressif, la période qui s'ouvre sera une période de semi-repos où le matériel pourra être révisé entièrement, où chacun refera ses forces en vue de l'assaut final contre l'Allemagne.

Le Groupe appuie de ses feux successivement la Brigade d'Alsace-Lorraine, puis le 21° R. I. C. Les tirs sont peu fréquents : accrochages journaliers, quelques harcèlement à la demande de l'Infanterie ou sur ordre de l'A. D. Quelques tirs de nuit sont exécutés dans les zones où l'infanterie entend l'ennemi travailler.

Cette existence calme est rompue par un mouvement que nous exécutons sur WEITBRUCH, dans la région de HAGUENAU, en vue d'appuyer le démarrage de l'attaque que doit exécuter la 3° D. I. A. en direction de SELTZ-LAUTERBOURG. Le départ a lieu le 14 mars.

C'est à l'occasion de cette bataille où le Groupe ne fonctionne pas dans le cadre de l'A. D. que sa section d'observation aérienne est mise à sa disposition directe. Des contacts fréquents sont pris avec le Lieutenant AMBROGGI, observateur d'artillerie. Grâce à son courage, qui lui a valu et lui vaudra encore de belles citations, plusieurs tirs sont exécutés et des renseignements importants sur les mouvements de l'ennemi transmis au Commandement. Le Groupe occupe une deuxième position à OFFENDORF, puis rejoint ESCHAU le 18 mars.

Le 31 mars le mouvement vers le Nord commence par un premier déplacement à ROHRWILLER et le 2 avril arrive l'ordre de départ sur l'Allemagne. Les préparatifs de départ sont faits dans l'enthousiasme et c'est au milieu de la joie générale que la colonne s'ébranle à 10 h. 30.

 
V - CAMPAGNE D'ALLEMAGNE
 
A — RIVE GAUCHE DU RHIN
 
La frontière allemande est franchie à WISSEMBOURG le 2 avril à 11 h. 57.

Le Groupe se met en position à WORTH AM RHEIN. De là il exécute des tirs au profit du 21 ° R. I. C. qui a traversé le fleuve et qui descend vers le sud le long de la rive droite.

Le 3 avril, c'est à notre tour de franchir le RHIN. Le passage a lieu sur le pont de SPIRE à 22 h. 22.
 
B — BATAILLE DE KARLSRUHE
 
Des positions de tir sont occupées à EGGENSTEIN en vue d'appuyer l'action du 23° R. I. C. qui attaque KARLSRUHE. Cette ville est occupée le 4 au soir.

A partir de cette date commence une poursuite derrière un ennemi désorganisé qui tentera de s'accrocher à quelques points forts. Le Groupe va occuper 28 positions en 36 jours.
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C — OPERATIONS DE KARLSRUHE à RASTATT
 
Le 5, de ROSENHOF, 2 kms au nord de KARLSRUHE, le Groupe appuie l'attaque de DURLACH, faubourg de la ville. Une tour domine ce faubourg et les allemands s'y sont installés fortement. De nombreux tirs sont exécutés dans cette région. Tirs efficaces, puisque, lors de son occupation, l'infanterie amie trouvera au pied de la tour 17 allemands tués par éclats d'obus.

Dans la soirée le Capitaine LANCRENON Commandant la 5° Batterie, rencontre un poste allemand en voulant effectuer une liaison à WOLFARTSWEIER. Sa jeep prend feu et le chauffeur reste sur le terrain. Le capitaine, quoique blessé, réussit à rentrer au Groupe au début de la nuit. Le radio rejoindra seulement 2 jours plus tard quand la région aura été nettoyée.

Le 6, des tirs sont effectués au profit du 21° R. I. C. qui tente infructueusement de déboucher de MORSH. Du 8 au 12 avril, le Groupe participe, en appui du R. C. T. 23, à la course en vue de s'emparer des ponts sur la MURG à GAGGENAU et KUPPENHEIM (5 kms S. E. de RASTATT). Ceux-ci seront pris intacts dans la journée du 11 avril.
 
D — OPERATIONS DE RASTATT à OFFENBOURG
 
Dans la nuit du 12 au 13; le Groupe est mis à la disposition du Combat Command N° 3 (C. C. 3), de la 1° D. B. Le C. C. 3 a pour mission de dévaler vers le sud le long de la rive droite du RHIN en direction de KEHL et des premiers contreforts de la FORET NOIRE. La prise de ces objectifs dégagera complètement STRASBOURG journellement bombardée par l'artillerie allemande.

D'abord en appui direct du RICM, le Groupe en position à STOLLHOFEN tire sur des bouchons antichars dans les régions de MOOS et de SCHERZHEIM. Le Lieutenant KEMLIN, observateur avancé, est blessé à l'observatoire. Un des deux PAK 40 sur lesquels il réglait reste sur le terrain.

Le 14, appui d'une opération sur FREISTETT. Le Groupe tire sur un 75 PAK que ses servants font sauter, ne pouvant le ramener en arrière.

OFFENBOURG est occupée le 15 par un groupement blindé du C. C. 3. Mais le débouché de cette ville s'avère difficile. Aussi le Groupe est-il envoyé dans cette région pour appuyer de ses feux l'action menée par nos éléments. Nous sommes poussés très en avant. Le Groupe traverse les villages de WEIER et de WALTERSWEILER où aucune troupe française n'était encore passée. Les habitants sont tous dehors, endimanchés, brassard blanc au bras. Ils guident la colonne sur le chemin suivi par le détachement avancé de reconnaissance. On sent très bien qu'ils ne savent pas ce qui va leur arriver et qu'ils s'efforcent d'être aimables. Le Groupe se met en batterie près d'OFFENBOURG. Il est en première ligne. Aucune infanterie devant lui, et les bois à la lisière desquels il est ne sont pas nettoyés. Pendant la mise en batterie la position est soumise à un tir de harcèlement de 88 fusant qui ne cause aucun dégât. Les 16 et 17 avril, le groupement blindé tentera de déboucher vers le sud. Mais la violence des réactions de l'ennemi empêchera toute progression.

La vallée de la KINZIG a été en effet fortement organisée par les allemands, particulièrement le village d'ORTENBERG. De plus ils ont opéré des destructions. Ces circonstances rendent malaisé, sinon impossible, l'accomplissement de la mission confiée aux chars. Le Commandement décide donc de faire relever le Groupement blindé par un Groupement mixte.
 
E — OPERATIONS D'OFFENBOURG à FRIBOURG
 
Le 18 avril, le Groupement BOURGUND est en place et le Groupe passe à l'appui direct du 21° R. I. C. GENGENBACH, BIBERACH, HASLACH sont occupés successivement. Le Groupe réduit plusieurs résistances, particulièrement une batterie ennemie près d'ORTENBERG et une section en batterie au nord de BIBERACH. Le tir bien réglé est déclenché chaque fois qu'il y a de l'agitation sur la position. Un canon et une voiture hippomobile sont démolis, des chevaux tués.

L'aviation allemande a refait son apparition, tout au moins la nuit. Régulièrement vers 23 heures la position du Groupe est survolée. La batterie de 40 C/26 s'en donne alors à cœur joie. Sur les routes les convois et les voitures isolées sont souvent attaqués par les avions allemands.

La progression continue par la vallée de la MUHL et le Groupe arrive le 23 avril à BUCHHOLTZ, 12 kms Nord de FRIBOURG.

F — OPERATIONS DE FRIBOURG AU LAC DE CONSTANCE

Le 24 à 2 h. 00. Le Groupe quitte BUCHHOLTZ pour appuyer le 23° R. I. C. qui attaque LORRACH. II occupe successivement 3 positions.
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LORRACH tombe dans la journée. Aussitôt le Groupe est mis à la disposition du R. C. T. du 6° R. I. C. Ce R. C. T. grossi du Groupe de bataillon de choc du Colonel BOUVET, a pour mission de nettoyer les résistances dans la FORET NOIRE en progressant de MÜLHEIM au lac de CONSTANCE.

Le Groupe tire sur une pièce anti-char, tir réglé par piper-cub, et participe à l'opération sur le BELCHEN, le 27 avril. L'opération sur le FELDBERG s'exécute le 30 avril. Des tirs avaient été préparés, mais l'infanterie n'a pas demandé leur exécution. Le 1° mai, la FORET NOIRE a été traversée et le Groupe se trouve réuni à EWATTINGEN. Aucune résistance sérieuse n'a été rencontrée, tout le monde sent que la fin est proche.

Le 2 mai le Groupe va à LEUSTETTEN, dans la région N. E. du lac de Constance. Il le quitte le 5 mai pour aller à RIETHEIM. C'est là que le 8 mai il apprend la fin des hostilités en Europe.


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LES PERTES
 
Les pertes du Groupe pendant le déroulement de ces opérations ont été :


Tués
Blessés
Disparus
Prisonniers
Officiers....................
1
3
1
-
S/Officiers.................
-
1
-
-
Canonniers..................
11
21
-
1
12
25
1
1
                                               

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Le Groupe a fait :
90 Prisonniers
dont 6 Officiers

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MUNITIONS

Pendant toute la compagne le Groupe a tiré 62.846 coups se répartissant ainsi.
Campagne de l'Île d'ELBE
2891
Opérations de TOULON
498
Opérations du DOUBS à MULHOUSE
21408
Campagne d'ALSACE
30575
Campagne d'ALLEMAGNE
7474
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LE 2° GROUPE À L'HONNEUR

Pendant ces différentes opérations, il y a eu 104 citations décernées à des

militaires du Groupe.

Parmi celles-ci, voici les plus marquantes.


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OPERATION DE L’ILE D'ELBE
 
 
GIRARDEAU Jean
 
S/Lieutenant de la 5° Bie, promu chevalier de la Légion d'honneur.
« Observateur avancé d'Artillerie, s'est particulièrement distingué par son sang-froid et son mépris du danger pendant les opérations de l'île d'Elbe.
Le 19 juin 1944, aux avant postes du 4° R. T. S. au cours de l'affaire de VOLTERRAIO, blessé par balle, a continué à régler le tir de son Groupe.
Ne s'est laissé évacuer que sur ordre et après mission terminée, faisant ainsi l'admiration de l'Infanterie. »
 
BERTRAND Max

2° Cier de la 6° Bie, à l'ordre du Corps d'Armée, à titre posthume :
« Chauffeur de voiture légère, est mort à son poste de combat le 17 Juin 1944, dans les premières heures du débarquement sur l'île d'Elbe. A toujours fait preuve des plus belles qualités militaires de courage et d'abnégation. »
 
PREVOT Jacques
Brigadier de la 5° batterie, à l'ordre du Corps d'Armée :
« Excellent gradé, radio de l'observateur avancé d'Artillerie, a fait preuve pendant les opération de l'île d'ELBE, d'un courage et d'un sang-froid remarquables. Le 19 juin 1944, au col de VOLTERRAIO, pris sous un violent tir d'artillerie et de mitrailleuse, son officier blessé, a néanmoins continué à remplir sa mission dans des Conditions extrêmement difficiles, permettant ainsi le déclanchement de tirs efficaces sur les positions ennemies. »
 
SOMMER Gabriel
 
2° Cier de la 5° Batterie, à l'ordre du Corps d'Armée :
« Excellent canonnier, chauffeur de l'observateur avancé d'Artillerie, le 19 juin 1944 au col de VOLTERRAIO (Ile d'ELBE), pris sous un violent tir d'artillerie ennemie et de mitrailleuses à proximité immédiate de l'ennemi, n'a pas hésité à prendre son fusil pour se joindre aux fantassins. Son Lieutenant blessé à ses côtés, a continué à faire preuve d'un courage et d'un calme à citer à tous en exemple. »
 
DIORPEOUA Laye
 
N° Mle 38318, 1er Cier de la 5° Bie, à l'ordre de la Division à titre posthume :
« Canonnier Sénégalais ayant, par ses qualités militaires et morales, mérité l'estime de ses chefs et de ses camarades. Remplissait les fonctions de pourvoyeur à sa pièce le 17 juin 1944, sur la position sud du Monte BACILLE. A été mortellement blessé à son poste de combat au cours de l'exécution d'un tir. »
 
KALTE Edouard
 
2° Cier de la 4° Bie, à l'ordre de la Division :
« Canonnier brave et plein de sang-froid. Radio de l'observateur avancé d'artillerie, a continué à assurer la liaison radio malgré une violente attaque à la grenade, le 17 juin à la FOCE, dans les premières heures du débarquement de l’Ile d'ELBE. »
 
TINEMOKO Tiole
 
N° Mle 30338, 1° Cier de la 4° batterie, à l'ordre de la Division.
« Excellent canonnier téléphoniste sénégalais. Au cours des opérations de l’Ile d'ELBE, a posé et entretenu avec calme et sang-froid les lignes de l'unité dans des zones minées et partiellement occupées par l'ennemi; montant une ligne au Mt ORELLO, le 18 juin 1944, a abattu un allemand qui s'opposait à son passage. »
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OPERATIONS DE LA BOUCLE DU DOUBS
 
AMBROGGI Pierre

Sous-lieutenant de l'E. M. du 2 / R. A. C. M., à l'ordre de l'armée :
 
« Excellent observateur de PIPER CUB, ardent énergique, audacieux, magnifique exemple pour ses camarades. Toujours volontaire pour les missions délicates. Totalise en quelques jours plus de vingt heures de vols au-dessus des lignes ou du territoire occupé par l'ennemi et dix missions de guerre. Bien que souvent pris à partie par la D. C. A. légère et même par la chasse allemande, n'hésite pas à pénétrer profondément chez l'ennemi pour repérer ses organisations et à le survoler à basse altitude pour se rendre compte des résultats des tirs. S'est particulièrement distingué les 7 octobre et 24 octobre 1944, dans la région située de part et d'autre du DOUBS. Son cran et ses qualités d'artilleur ont permis de réduire plusieurs batteries au silence et de détruire plusieurs canons de campagne, un canon automoteur, plusieurs véhicules lourds (résultats contrôlés). »







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BATAILLE DE LA BOUCLE DU DOUBS
 
de la TOUR du PIN Aymar
 
Chef d'Escadron Cdt le 2/R. A. C. M., à l'ordre de la Division :
« Officier supérieur de tout premier ordre, commandant d'un Groupe de 105, dont l'action a été remarquable pendant toute la durée de la campagne. Le 28 novembre 1944, en reconnaissance dans une région partiellement déminée, près de SUARCE, a sauté sur une mine avec son véhicule (Command Car). Bien que commotionné et légèrement blessé, a donné un bel exemple de calme et de sang-froid en repartant dans les moindres délais pour terminer sa mission. »
 
KEMLIN Guy
 
Lieutenant de la 6° Bie, à l'ordre de la Division :
« Jeune officier ardent et courageux, observateur avancé auprès du 1/9° Zouaves, a participé avec cette unité à la conquête d'ECURCEY le 14 novembre 1944. A rempli sa mission avec le plus grand calme, sous les feux violents de l'infanterie et de l'artillerie ennemies, arrivant sur les différents objectifs en même temps que les premiers éléments d'infanterie. »
 
MOMER Jean
 
Maréchal des Logis de l'E. M. du 2/R. A. C. M., à l'ordre de l'armée :
« Sous officier énergique et plein d'allant, fait prisonnier le 21 novembre entre FAVEROIS et SUARCE, alors qu'il rejoignait son poste de liaison près des éléments blindés au contact de l'ennemi, réussit à s'échapper peu de temps après, puis repris s'évada à nouveau et rejoignit les lignes françaises après avoir abattu trois allemands avec une arme automatique prise à l'un d'eux. »

MOURGUET Pierre

1° Cier de l'E. M. du 2/R. A. C. M., à l'ordre du corps d'Armée à titre posthume.
« A participé à toutes les opérations de la Division depuis son arrivée en France. Maître pointeur de premier ordre, a toujours été remarqué par son allant et son mépris du danger. A été mortellement blessé à son poste de combat à LONGEVELLE pendant les durs combats qui ont précédé la libération de ce village. »







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BATAILLE DE MULHOUSE
 
GIRARDEAU Jean
 
Lieutenant à la 5° Bie, à l'ordre du Corps d'Armée :
« Officier de liaison d'infanterie de grande classe, s'impose par sa connaissance approfondie du combat d'infanterie qu'il vit intensément. Assure à fout moment le déclenchement rapide des tirs dans les circonstances les plus difficiles. Le 9 janvier à puissamment aidé à stopper une attaque ennemie sur le point d'appui de LUTTERBACH. Le 20 janvier 1945, a permis aux fantassins d'effectuer la conquête de LUTTERBACH dans les meilleures conditions. Le 25 janvier a suivi avec deux hommes et son poste radio les premiers éléments d'Infanterie abordant la Cité ANNA et a assuré les liaisons de premier ordre malgré les tirs très violents de l'artillerie allemande, contribuant ainsi au succès de l'attaque.
Impassible sous le feu, d'un courage exemplaire, cet officier force l'admiration. »
 
BERGER Jean
 
2° Cier de l'E. M. du 2/R. A. C. M., à l'ordre de la Division à titre posthume.
« Jeune engagé volontaire pour la durée de la guerre, marié, père de famille, a toujours fait preuve des plus belles qualités de courage et de sang froid. Tué à son poste de téléphoniste à l'E. M. du Groupe, le 5 février 1945, lors du bombardement de la Cité de PULVERSHEIM. »







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CAMPAGNE D'ALLEMAGNE
 
EID Jean
 
Aspirant de la 40° Batterie, à l'ordre de la Division :
« Jeune Aspirant, récemment détaché à l'équipe d'observation avancée, a fait preuve d'un grand courage et d'un grand sang-froid, notamment lors de l'attaque d'ORTENBERG le 16 avril 1945 où malgré un violent bombardement d'artillerie ennemie qui a tué un Officier à ses côtés, il a continué à assurer sa mission d'observation et, par ses tirs précis, a obligé l'ennemi à abandonner une position de batterie en lui occasionnant des pertes sensibles en hommes et en matériel. »






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Errata :
Sur la page "LES PERTES".

L'Officier porté disparu a été retrouvé enterré à MARKOLSHEIM. Il a été exécuté par les Allemands le 23 novembre 1944 sur la berge du RHIN, au pont de MARKOLSHEIM, alors qu'il tentait de s'évader.


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Première de couverture.

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